☆ D’ici et d’ailleurs, c’est ainsi que tu décris toi-même tes origines. Tu n’as jamais connu que la vie de nomade ; tes parents (deux mercenaires qui ont pris la décision de tout laisser derrière eux pour vivre une vie mouvementée (palpitante, c’était ce qu’ils t’ont toujours dit avec un sourire tendre)) se sont rencontrés lors d’un voyage pour ne plus jamais se quitter par la suite. Selon ta mère, c’était l’amour au premier regard. Selon ton père, cela a pris un peu plus de temps, mais il a toujours apprécié la présence si dynamique et chaleureuse de celle qui finirait par devenir la femme de sa vie. Ce n’est qu’une poignée d’années après leur rencontre que tu fais irruption dans leur vie ; tu ne faisais pas partie du programme (pas pour le moment, tout du moins), mais ils t’ont malgré tout accueillis à bras ouverts. Leur métier de mercenaire ne semblait pas se prêter à l’arrivée (pas si éloignée que ça) d’une nouvelle vie, aussi ils prirent une décision assez radicale (pour eux) ; une fois que tu serais avec eux, ils prendraient le temps. Le temps de construire un foyer, de se poser quelques temps, de te voir grandir. C’est à la Cité du Crépuscule que tu passes tes trois premières années de vie ; tes parents ont fait de leur mieux, mais ce style de vie sédentaire n’était pas fait pour eux. Tu as à peine le temps de souffler ta troisième bougie que ton père se précipite vers le vaisseau gummi qu’ils ont toujours gardé (dans un endroit bien à l’abri des regards indiscrets), ta mère rassemble vos affaires et vous voilà partis vivre quelques aventures ici et là. La Cité du Crépuscule n’a jamais été une véritable maison pour aucun d’entre vous ; tes parents avaient le goût du voyage ancré dans leur cœur et, de ce fait, tu n’as jamais vraiment été à l’aise avec ce semblant de normalité qu’ils avaient tenté de construire pour toi. Tout comme eux, tu avais la bougeotte.

☆ Une gamine un peu bizarre, tu l’étais certainement. Ou tout du moins comparés aux autres enfants, tu pouvais être considérée comme un peu étrange. Il faut dire que les autres gosses ont grandit dans un foyer stable (pour la plupart, au moins) et en compagnie de petits camarades de leur âge. Toi non, tu n’avais que tes parents et les quelques visages familiers (des anciens collègues de tes parents, quelques uns des amis qu’ils ont pu se faire avant ton arrivée) que tu voyais de manière plus ou moins régulière. Tu n’as jamais eu d’amis de ton âge, tu n’as jamais eu que tes parents. Enfance solitaire pour une gamine qui ne demandait pourtant qu’à connaître le monde et à se faire connaître du monde. Cela t’a terriblement frustrée, Nova … Et cela, ta mère l’a rapidement vu. Alors pour te distraire de tout cela, elle t’a appris la magie ; rien de bien extraordinaire, quelques petits éclats de magie qu’elle a appris au fil des ans. Tu étais une élève assidue et intéressée, pour le plus grand plaisir de ta mère. Ton père, quant à lui, prenait toujours le temps de t’apprendre les rouages du vaisseau qui vous servait de maison ; avec lui, tu avais toujours les mains dans le cambouis. Chacun de tes parents prenaient un plaisir (qu’ils n’ont jamais cherché à dissimuler) à t’apprendre ce qu’ils savaient. Et tu absorbais tout ce savoir avec un plaisir certain. Pour autant, cela n’effaçait jamais totalement la frustration que tu pouvais ressentir, n’effaçait jamais ce besoin terrible de te lier avec les autres.

☆ Un petit chat noir en guise de meilleur ami. À défaut de pouvoir te lier avec autrui, c’est avec Basile que tu vas tisser un lien aussi étroit que fort. Tu ne sais plus trop où vos chemins se sont croisés, tu sais juste que tu as quinze ans lorsque tu trouves cette adorable boule de poils noire et blanche. Il n’était pas bien vieux, le Basile, quelques mois (six tout au plus) tout juste. Tu as posé les yeux sur lui et tu as tout de suite su que tu ne pouvais pas le laisser à son triste sort ; il avait l’air un peu rachitique, un peu mal en point. Tu l’as pris sous ton aile et tu l’as requinqué comme tu l’as pu … Puis Basile s’est attaché à toi, tu t’es attachée à lui. Enfin, tu t’étais faite un ami. Un ami plus que fidèle, qui s’est fait à ta drôle de vie de nomade et qui ne t’a plus jamais lâchée.

☆ La pauvre petite orpheline, c’est l’étiquette qu’on peut à présent (depuis presque un an) te coller sur le front. L’histoire est relativement triste, mais pas si surprenante que cela, dans le fond … Cela faisait quelques années déjà que la présence des Sans-cœurs a rendu vos voyages un peu plus tumultueux qu’avant, que la présence de ces créatures ténébreuses a rendu vos petites aventures bien plus périlleuses. Bien que leur carrière de mercenaires avait grandement ralentie depuis ton arrivée, elle ne s’était jamais vraiment arrêtée ; ce fut lors d’une de ces missions (supposément sans risques) que tes parents perdirent leur vie. Tu l’as appris par le biais d’un de leurs amis, qui les avait accompagné. Il était le seul rescapé de la bien triste situation ; ils s’étaient tous trois fait surprendre par des Sans-cœurs et tes parents ont rapidement été consumés par les Ténèbres. Et ce que tu as pu pleure, Nova. Dans les bras de cet ami qui était tout aussi effondré que toi, dans la fourrure si douce de Basile, dans ton oreiller … Pendant quelques temps, tu as voyagé avec l’ami de tes parents car tu ne te sentais pas capable d’être seule. Il t’a fallut du temps pour comprendre que tu n’étais pas vraiment seule, qu’il te restait Basile malgré tout. Et quand les larmes ont cessé de couler, tu as décidé de prendre ton indépendance. Tu as pris le vaisseau que ton père aimait tant et tu as mis les voiles.

☆ À la recherche de toi-même. Si le chagrin s’est quelque peu apaisé, ton besoin de connaître et d’être connue n’en reste pas moins omniprésent. Depuis que tes parents ne sont plus là, tu te sens bien seule … Bien entendue, tu n’oublies pas Basile, mais le contact humain te manque un peu. De plus, tu ressens le besoin de trouver un endroit rien qu’à toi pour poser tes bien lourdes valises ; tu en as assez de cette instabilité, tu en as marre de ces histoires de Sans-cœurs … Il te faut juste trouver le bon endroit. Et ce n’est pas une mince affaire … !