Genso Malv est né dans la Cité du Crépuscule. Sa vie n'était rien de remarquable durant son enfance, du moins à ses yeux. Des parents ennuyeux, une vie sans rien de bien exaltant et une soif constante d’excitation dans ce lieu aussi paisible que barbant. Certains groupes d’amis s'organisèrent pour faire des sorties durant les étés des plus ordinaires, d’autres firent des petits boulots peu intriguant. Ce n’était pas la vie que le jeune trouble-fête désirait. Non ! Il ne serait pas défini par cet ennui constant que lui procurait les cours, les fins de semaine, le lever du soleil et le coucher de la nuit. Il était bien plus amusant que ça et sa vie devait refléter cela.

Rapidement, Genso commence à se créer une mauvaise réputation suite à ses nombreuses farces de mauvais goûts et ses provocations à tout va. Il était un élève qui semblait ne prête guère attention aux enseignements qui lui étaient donnés. Il passait la plupart de son temps à propager des rumeurs pour voir la réaction de ses camarades de classe et s’éclater de rire d’en voir certains tenter de les résoudre. Il était impliqué dans plusieurs bagarres entre les autres enfants simplement en les montant les uns contre les autres. Et pourtant, il réussissait à avoir des notes parfaitement acceptables et parvenait à ne pas à se faire virer, profitant de son bon jeu de comédien pour se faire passer pour un gosse perdu qui ne réalisait pas ce qu’il faisait…

Les années passèrent et les farces devinrent rapidement des félonies. Genso s’introduisait avec ses amis dans des endroits privés pour y mettre tout sans dessus dessous et voler quelques gummies  pour entendre la panique suivant l’acte le lendemain. Il commença à pousser les âmes les plus crédules à commettre des délits jusqu’à leur arrestation. Il jouait les innocents avec ses véritables complices qui lui servaient d’alibis à chaque fois.

C’était une belle pourriture et il gagnait sa vie ainsi entre deux ou trois boulots d’étés. C’était là des expériences qu’il n’appréciait guère, mais qu’il savait nécessaire pour lui servir de couverture pour ses actes sordides. La vie était tellement plus satisfaisante et amusante en étant un trouble-fête dans ce monde sans intérêt. Hélas, à vouloir s’approcher du feu, les plus malins terminent par se brûler les doigts. Un beau jour, le groupe de Genso décidèrent de frapper fort. Le manoir dans la forêt devait être rempli  de choses dignes d'intérêt. Au pire, ça serait une excursion amusante dans un lieu que tout le monde craignait et évitait comme la peste.

Après avoir réussi à crocheter l’entrée de la demeure, le groupe rentra pour voir un lieu en ruine. Des fournitures brisées, un plafond craquelé et rien qui pouvait attirer l’attention du troupeau de malfaiteurs. Néanmoins, le chef décida de s’aventurer davantage dans la demeure en proposant à ses collègues de vérifier les autres salles alors qu’il se dirigea vers les escaliers pour monter à l’étage. Il tourna à droite pour tomber sur une bibliothèque remplie de livres. Le genre d’endroit à le faire bâiller d'ennui, mais quelque chose de louche se passait. Étrangement, la pièce était intacte, contrairement au reste de l’édifice. Il commença ainsi à attraper chaque livre dans sa ligne de vue en espérant trouver un mécanisme secret qui pourrait justifier la propreté des lieux.  Soudain, un grimoire ne lui tombe sur le coin de la tête et ne s’ouvre pour dévoiler son contenu : une image qui l’interpella; celle d’une planète avec une tour ressemblant à l'horloge de la ville. Il le prit et commença à le feuilleter. Cet ouvrage parlait de différents mondes et comment sauter de l’un à l’autre : via des portails de ténèbres, il pourrait fuir la Cité du Crépuscule et connaître de véritables aventures palpitantes. Il était sur le point de retourner sur ses pas pour prévenir ses camarades avant qu’une créature sombre aux yeux lumineux se manifeste et lui barre la route. La dernière chose dont le manipulateur se souvient fut l’ombre lui sauter dessus.

Un mal de tête suivi d’un sentiment de… vide. Comme s’il ne pouvait plus rien ressentir. Il ouvrit les yeux avant de se relever pour se voir dans des vêtements noirs et blancs, mais ceci ne fut pas un choc. Alors que ça devrait l’être. Il était encore dans le manoir avec le bouquin qu’il avait feuilleté sur la table. Ne comprenant pas l’étendue de sa situation, le trouble-fête décida de sortir des nouveaux ouvrages : il trouva quelque chose digne de son intérêt. La maîtrise de la glace et des illusions lui attira rapidement son attention et il se mit à jouer avec pendant un instant, mais le dernier qu’il ouvrit fut le plus important. Une encyclopédie sur… Les sans-cœur ? Il lisait avec prudence son contenu pour réaliser que la dernière mémoire qu’il avait fut celle de subir l’attaque par l’une de ses abominations. Il continua à lire pour arriver à un passage qui parlait de “Simili”. Des créatures qui naissaient d’un cœur ayant plongé dans les ténèbres, mais dont le corps n’avait pas disparu par la détermination de son hôte. Une coquille vide, en quelque sorte. Malv éclata de rire, un rire forcé, avant de ranger le livre et les autres pour ne laisser aucune preuve de son passage, à l’exception des deux livres sur la magie.

Ouvrant les portes de la bibliothèque pour retourner dans le hall, il remarqua qu’aucun de ses collègues ne  l’attendaient. Étaient-ils seulement encore en vie ? Encore une fois, seul le vide régna dans son cœur, mais un sourire s'immisça sur son visage .Il était devenu plus qu’un simple humain et cette pensée…aurait pu l’exciter au plus grand point de son existence s’il avait eu un cœur.  Il comprit cependant que le livre qu’il venait de lire pouvait être réel. Ce néant affirmait cela, mais cela voulait également dire que le reste des mondes n’étaient plus très loin !

Il s'enfuit du manoir pour se rendre chez lui pour prendre quelque chose qui semblait manquer à sa tenue pour marquer cette potentielle nouvelle vie : Un drap noir qu’il improvisa comme une cape et un couvre-chef militaire sombre qu’il avait chaparder durant l’une des escapades pour compléter le tout. Il était enfin prêt ! Il ne ressentait plus rien, mais il ne pouvait pas s’empêcher de sourire à la pensée de l’excitation que son ancien lui aurait eue à cette nouvelle.

Une nouvelle vie lui ouvrait les bras et avec lui, le chaos dont il adorait tant allait suivre… Mais jusqu’où ?