Qui es-tu, si ce n’est qu’un patchwork de personnes qui ont pu t’influencer d’une quelconque manière ? Qu’un amas d’impressions profondément ancrées dans ton âme laissées par autrui ? En y réfléchissant bien, ton existence peut facilement se résumer à de nombreuses rencontres, tu es le meilleur et le pire de toutes celles et tous ceux qui ont pu croiser ta route. Tu ne serais pas qui tu es aujourd’hui s’iels n’avaient pas fait irruption dans ta vie, d’une manière ou d’une autre.

{ ᴍᴏᴛʜᴇʀ & ғᴀᴛʜᴇʀ } Parce que toute histoire a son commencement, comme sa fin. De lui tu ne gardes qu’un souvenir flou et distant, son décès survenant bien avant que ton cerveau ne puisse retenir des souvenirs concrets. De ta mère, tu tiens la certitude que ton géniteur était un homme bien, qu’il l’a aimé comme elle l’a aimé. Et si la convenance voudrait que tu sois en deuil, tu ne peux pas vraiment pleurer la perte de ce que tu n’as jamais eu conscience d’avoir eu. La tristesse découle de ton empathie ; tu es triste pour ta mère qui t’a toujours parue si seule, tu es triste pour son cœur brisé (qui était, à tes yeux, si évident). À l’époque, tu n’es qu’un jeune garçon, naïf et hésitant. Tu n’oses pas l’interroger sur cet homme qui t’intrigue pourtant, elle qui ressent sa perte avec tant d’intensité. Jamais elle n’en fera un secret, portant son chagrin avec une certaine dignité. Tu te fais le gamin silencieux, qui a peur de déranger plus qu’autre chose ; tu sais que ta mère a suffisamment de soucis à se faire comme ça, tu te rends compte bien vite que t’élever seule est une tâche bien plus ardue que ce qu’elle peut laisser penser. Tu ne lui rends pas la chose facile non plus (et tu t’en rends compte maintenant, avec le recul) ; tu es un gamin solitaire, qui craint presque la compagnie des autres enfants de ton âge. Loin d’être un gamin geignard, il n’empêche que tu restes énormément dans les jupons de ta mère lors de tes plus jeunes années.

{ Tɪғᴀ } Celle qui te fait peu à peu sortir de ta coquille, ta première véritable amie. Elle habite juste à côté de chez toi, ce qui facilite votre proximité. Seule étoile de ton ciel assombri par la nuit ; il ne faut pas longtemps pour qu’elle devienne ta meilleure (et seule) amie dans le petit village qu’est Nibelheim. Elle est aussi belle qu’elle est populaire, Tifa, aussi son attention ne peut t’appartenir toute entière ; solaire comme elle est, elle ne manque pas d’attirer les regards des autres gamins du village. La jalousie te tord les entrailles, ne fait que nourrir cette terrible rancœur que tu entretiens à l’égard des autres ; tu n’es pas comme Tifa, tu es même tout son inverse et cela ne plaît pas. Tu es régulièrement la cible des moqueries des autres enfants, ton côté introverti n’aidant guère à adoucir leurs railleries. Vos liens se resserrent quand la tragédie la heurte de plein fouet ; sa mère meurt. C’est aussi simple que cela, vraiment, mais la réalité est bien trop dure à accepter. Pendant un temps, ton amie est persuadée que sa mère s’en est allée au Mont Nibel, la montagne qui se trouve non loin du village. Peut-être qu’elle s’y est perdue, te soutient-elle avec ce qui semble être un certain désespoir. Et tu ne peux que l’accompagner, que lui tenir la main sur les chemins sinueux de la montagne. Et quand le père de ton amie vous retrouve, après que cette dernière se soit blessée, tu endosses le blâme de la situation sans rechigner (de toutes façons, si tu avais été un peu plus fort, Tifa n’aurait pas été blessée (de cela, tu en es sûr)). La vérité restera à jamais entre vous, un petit bout qui n’appartient qu’aux deux âmes égarées que vous êtes. Et si tu espères qu’elle se sent libre de parler de son chagrin avec toi, tu te permets de lui accorder la même confiance qu’elle semble t’offrir si librement. Doucement, toujours avec hésitation, tu lui parles de ce héro dont tu as entendu parler. Tu lui parles de tes rêves, de tes aspirations. Plus que cela encore, tu lui promets l’impossible ; de devenir un héro et de toujours répondre quand elle t’appellera à l’aide. Si tu n’hésiteras jamais à voler à son secours, être un héro est bien plus compliqué que ce que tu aurais pu le penser. Dès que tu le peux, tu quittes le village de Nibelheim pour rejoindre Midgar et suivre le programme de SOLDAT. Partant de là, tes souvenirs se font bien peu distincts ; de la chute du (de ton) héro à vos retrouvailles quelques temps plus tard, à Midgar, tu n’es plus sûr de rien. Tu es bien incapable de lui décrire l’horreur que tu as pu vivre, tu n’en as pas envie non plus … C’est très bien comme cela, penses-tu. C’est par ton amie de toujours que tu entres (presque à reculons) dans le cercle de ses amis et connaissances (Tifa n’a pas changé, cela te rassure de le constater (elle est toujours la personne solaire et populaire qu’elle a toujours été)). Impliquée dans les actions d’Avalanche, un groupuscule aux idéologies bien particulières, c’est d’abord pour lui rendre service (et pour quelques munnies de plus, aussi) que tu acceptes de participer à l’une de leur mission. Tu es bien loin de te douter que les choses ne se passeront pas comme prévu.

{ Zᴀᴄᴋ } Meilleur ami qui a sombré dans l’oubli. S’il ne devait y avoir qu’un héro dans toute cette histoire, ce serait sans le moindre doute Zack. Jeune homme extraverti qui n’a aucune difficulté à franchir les limites que tu as posé entre toi et le monde ; pas qu’il n’en a que faire, c’est juste que Zack est … eh bien, Zack. Solaire, il l’est sans le moindre doute. Vous vous liez d’amitié grâce à un point commun ; vous venez tous deux d’un petit bled pourri, dont le seul véritable attrait est un réacteur à Mako. Que ce soit à Nibelheim ou Gongaga, vous avez tous deux grandit avec l’ennui et votre décision de vous rendre à Midgar dès que possible. Tu es toujours sur la réserve, toujours un peu hésitant, malgré tout le SOLDAT ne semble pas se formaliser de ta froideur apparente et persévère. Rapidement (et bien malgré toi), il devient rapidement ton meilleur ami. C’est à Nibelheim que la tragédie frappe, que tout déraille. Et si tes souvenirs de l’évènement sont flous, et si tu trésailles toujours lorsque quelques bribes de souvenirs remontent, la chose a laissé une trace indélébile (une cicatrice profonde) au fond de ton âme. Tu as tout oublié du sacrifice de Zack Fair, le véritable héro de cette histoire. Tu as oublié les barrières qui te séparent de lui, tant et si bien que lorsque tu retournes à Midgar, uniforme de SOLDAT sur le dos et épée broyeuse en main, tu ne sais plus vraiment où Zack Fair s’achève et où Cloud Strife commence.

{ Hôᴊô } Rencontre qui n’en est pas vraiment une, mais qui ne reste pas moins importante pour autant. Hôjô est ce que tu considères sans la moindre hésitation comme un scientifique fou et responsable de la majorité des problèmes que tu rencontres. Sans Hôjô, rien de tout cela ne serait arrivé (Zack n’aurait pas (penses-tu) été obligé de se sacrifier pour votre survie (Nibelheim ne serait pas qu’un amas de cendres)). Il est le responsable de plusieurs expériences douteuses, dénuées du moindre sens moral. En réalité, tu n’as rien de positif à dire à son sujet, aussi peut-être vaut-il mieux que tu n’en dises pas beaucoup sur le scientifique. Tu n’es qu’une expérience de plus, un presque échec. Tu es de nouveau sous-estimé, on te pense incapable de survivre. C’est tristement que tu leur prouves le contraire.

{ Bᴀʀʀᴇᴛ (Aᴠᴀʟᴀɴᴄʜᴇ) } Éco-terroriste à la grande gueule que tu rencontres par le biais de ton amie d’enfance, lors de ton retour à Midgar. Tu es incapable de parler du temps que tu as passé dans un le sombre laboratoire d’Hôjô, tes souvenirs te faisant cruellement défaut, mais tu es irrémédiablement changé par la chose ; tu es plus froid que jamais, hanté par la présence de ton ancien héro et par l’emprise que la Shinra a pu un jour avoir sur toi. Tout commence avec une faveur pour Tifa, avec une simple requête de sa part ; c’est avec Barret que tu négocies pourtant, lui faisant promettre de te payer quelques centaines de munnies en échange de tes services. Leader d’un groupuscule (pas si impressionnant que ça, dans le fond) auquel tu n’as pas la moindre envie de t’intégrer, tu n’es censé être là que pour une mission (faire sauter un réacteur Mako, ah (le fait de prendre position contre la Shinra n’est qu’un bonus)) … puis au final, tu restes pour plus longtemps que prévu. Tu fais aussi la rencontre de Jessie, Biggs et Wedge (les compagnons de Barret (et de Tifa par extension)). Tu te donnes de grands airs, tu fais comme si ton cœur était de pierre, pour autant lorsque la Shinra réplique et que Jessie et Biggs perdent la vie, tu ne peux nier que cela te pince douloureusement le cœur. De prime abord, tu n’as pas le moindre atome crochu avec Barret, tu trouves un terrain d’entente pour le bien de la planète, pour la justice, juste parce que tu ne sembles pas avoir d’autres choix.

{ Aᴇʀɪᴛʜ } Drôle de rencontre pour une drôle de jeune femme. C’est d’abord dans les rues de Midgar que tu croises sa route pour la première fois, ressortissant de cet échange avec elle une fleur en main et avec la capacité de voir d’étranges êtres. Ce n’est que plus tard que tu la rencontres pour de bon, tombant bien malgré toi dans un lit de fleurs qu’elle semble cultiver avec une aisance déconcertante. La jeune femme est plus qu’atypique, un peu trop chaleureuse à ton goût … Tu as beau essayé de lui fausser compagnie, elle continue de s’accrocher à toi par n’importe quel moyen possible. Pendant un temps, tu fais office de body-guard, même si tu as plus l’impression d’être un baby-sitter. Aerith a cet air naïf et innocent, cette douceur vis-à-vis de la vie qui te déconcerte au plus haut point ; plus tu en apprends sur la jeune femme, plus tu te rends compte qu’elle n’a pas eu la vie facile. Et tu ne comprends pas comment elle peut encore être si tendre et positive. Si Tifa est le ciel étoilé des nuits d’été, Aerith est le ciel bleu des après-midis de printemps. Et c’est pour cette raison, sans le moindre doute, que sa disparition est si difficile à accepter ; parce que Aerith est le meilleur de ce monde, parce que Aerith a toujours été, dans le fond, complémentaire du petit groupe que tu as formé autour de toi. Son absence est une véritable plaie béante, dont tu ne cicatriseras jamais vraiment.

{ Sᴇᴘʜɪʀᴏᴛʜ } Autrefois héro adulé, à présent fantôme terrible du passé qui ne cessera jamais de te hanter. Que le principal concerné en ait conscience ou non, ton histoire avec lui s’enracine dans tes plus jeunes années ; encore un gamin un poil naïf, tu as entendu le récit de ses succès et tu n’as pu que t’en émerveiller. Sephiroth est celui qui t’a inspiré à rejoindre Midgar, le programme des SOLDATs. Sephiroth a été ton héro … La chute est bien rude, lorsqu’en mission au sein de ton village natal, la figure de proue de la Shinra se retourne contre le monde entier semble-t-il. Nibelheim s’écroule pour n’être qu’un tas de cendres, ta mère perd la vie dans cet évènement plus que terrible. Et toi, Cloud, il ne te reste plus que l’énergie du désespoir ; tu ne sais pas vraiment comment tu y parviens, mais tu arrives malgré tout à arrêter le descendant de Jenova. Cela aurait dû être la fin de l’histoire (peut-être que tu aurais dû, toi aussi, tomber dans les flammes de ton village natal), mais tu ne touches toujours pas le fond. Sephiroth revient, ton cauchemar s’ancre dans le réel … D’abord ce ne sont que des visions qui te transpercent le crâne, puis il se dévoile enfin. Ce n’est que grâce à l’aide de tes compagnons d’infortunes (amis et autre reconnaissances rencontrées au cours de la route) que tu peux de nouveau relever l’exploit de le vaincre de nouveau. Tu sues et tu saignes, tu te mords l’intérieur des joues et le bout de la langue et, finalement, il disparaît de nouveau. Ou tout du moins, c’est ce que tu crois un temps. Tu as du mal à te faire aux temps de paix, tu as l’impression de n’avoir jamais connu que la lutte constante pour survivre. Tu regardes toujours par-dessus ton épaule, tu envisages toujours le pire. Et il semblerait que, encore une fois, tu as eu raison de te méfier. Jenova contamine la Rivière de la Vie. Tu tombes malade, toi aussi, et tu es obligé de prendre les armes de nouveau. Tu croises de nouveau le fer avec Sephiroth (et la situation te rend si las), tu saignes de nouveau. Toutefois cette énième tentative se solde par le même résultat ; Sephiroth est vaincu et tu tiens à peine sur tes jambes. La nature reprend ses droits, les géostigmates finissent par ne devenir qu’un souvenir douloureux. Pour autant, tu ne peux te débarrasser de cette désagréable impression que l’histoire n’est pas encore finie. Le fossé entre toi et les autres se creuse encore et, au final, tu disparais sans rien dire à personne, persuadé que Sephiroth n’a pas encore dit son dernier mot (tu le sais (tu le sens dans tes os)).

{ Aʟᴏɴᴇ } Pour la première fois de ta pas si longue existence, tu te retrouves véritablement seul, sans le soutien de tes proches. Tes pas te mènent jusqu’au Colisée de l’Olympe, dans ta quête éternelle de mettre un terme, une fois pour toute, à l’existence néfaste et putride de ton némésis. Isolé, il t’est facile de sombrer, tu le reconnais avec une certaine gêne, un certain embarras. Pendant un temps, tu perds ton véritable objectif de vue et tu t’enfonces bien malgré toi dans les Ténèbres. Ce n’est que grâce à l’intervention (à la fois salutaire et douloureuse) de Sora que tu reprends pied, que tu te sors la tête hors de l’eau. Sephiroth sévit encore et tu n’as pas d’autres choix que de lui tenir tête de nouveau. Un vilain jeu du chat et de la souris s’engage alors (et tu n’es pas certain de qui est le prédateur, de vous deux). Tu persévères, encore et toujours. Tu fais quelques rencontres en cours de route et tu n’oses pas vraiment les considérer comme des amis ; si vos objectifs s’alignent parfois et que tu sais que, dans le pire des cas, tu peux te reposer sur eux, tu n’as pas le temps pour ce genre de sentimentalité. Ton objectif est plus que clair, rien d’autre que ça n’a réellement d’importance. La poursuite continue, tu es plus déterminé que jamais. Tu t’accroches tant bien que mal à la lumière qui illumine ton cœur ; tu t’es promis de ne plus jamais sombrer comme tu as pu le faire auparavant. Tu n’accepteras la paix que lorsque tu auras mis fin à tout cela.