Il fut un temps où son père et sa mère lui manquaient terriblement. Où le vide de cette absence était plus fort que tout. Combien de nuits avait-il passé à pleurer l’absence et l’égoïsme de ses parents? Sa mère et son père avaient décidé de disparaître du jour au lendemain pour partir sans lui, laissant derrière eux un enfant encore trop jeune pour comprendre la cruauté des autres. Aoshun dû se résoudre; il ne les reverra pas, bien trop occupés à parcourir les cieux qu’ils étaient, laissant libre court à leur curiosité qu’il pensait morbide. La résilience s’installa doucement, comme la douce étreinte manquante de sa mère.

Ses parents préféraient explorer l’infinité des mondes qu’il y avait à leur portée.Il y avait tant à faire, tellement mieux qu’élever un enfant, leur progéniture, quand il y avait des centaines voir des milliers de mondes à découvrir. Ses géniteurs avaient eu vite fait de vendre leur maison et de mettre la main sur un vaisseau gummi tout juste capable de démarrer sans exploser, vrombissant à chaque virage pris. Cette maison qui l’avait vu naître puis grandir disparu et avec elle les souvenirs que Aoshun s’y était fait. Ce n’était pas une grande maison; elle restait très modeste et parfois si petite que l’enfant se cognait contre les coins des murs en jouant avec son avion en papier. Mais elle était son petit chez lui, avec l’odeur de rose que les bouquets de fleurs du salon laissaient virevolter. Sa chambre décorée d’étoiles et de posters de fusées dans l’espace, sa petite salle de bain à la tuyauterie défaillante. Puis la cuisine, lieu de vie où tous rigolaient à table. Il dut abandonner tout espoir de retrouver un jour ces sensations, le jour où sa maisonnette fut vendue.

Et en un battement de cils, voilà qu’il habitait avec un vieil homme qui, semblait-il, était son grand-père, dans une petite maison.Il avait une vieille odeur de tabac que Aoshun détestait et toujours une cigarette au bout des lèvres, une barbe mal coupé et des rides qui lui donnait toujours cet air renfrogné. L’endroit était plus étroit encore que son ancienne maisonnette. Sa chambre avait tout juste assez d’espace pour accueillir son lit et un petit plan de travail. Ce lieu représentait bien son papy. C’était son grand-père, vieil homme qu’il avait appris à aimer plus que tout au monde. C’était un adulte rustre et parfois cru mais d’une tendresse simplement cachée par la dure vie qu’il menait pour entretenir sa boutique au sein de la cité du crépuscule. La petite échoppe se tenait bien et y possédait quelques clients réguliers qui aimaient prendre des nouvelles de Aoshun.

Le garçonnet adorait passer ses journées à déambuler dans la cité du crépuscule. Il aimait y repeindre les murs de ses créations, et parfois, voler quelques munnies à son grand-père pour se racheter de la peinture pour continuer à peindre ses œuvres-d’arts, qui ne cessaient d’être effacé par la mairie de la cité. Il n’était pas ce qu’on appellerait un délinquant, il n’était qu’un jeune garçon. Il ne possédait pas d’amis à proprement parler, juste quelques connaissances qui ne manquaient pas de se moquer de lui et de l’absence de ses parents. Ce par quoi son grand-père répondait vivement par des insultes que des enfants de leur âge ne comprenaient pas. C’est ainsi qu’il grandit à la cité du crépuscule entre son côté artiste et ses fréquentations. Mais ce qu’il préférait par-dessus tout, c'était les clôtures du magasin le vendredi soir. Son grand-père achetait toujours deux glaces à l’eau de mer qu’ils allaient déguster, lentement sur le chemin de leur maison. Il chérissait ces moments plus que tout. Le visage de son ancêtre baigné par les rayons du soleil couchant sera à jamais gravé dans ses rétines.

Son grand-père lui avait tout appris des ruses et des affaires pour qu’il puisse prendre la relève lorsque le jour serait venu. Et lorsqu’il vint, Aoshun s’effondra.
Une fois de plus le monde lui arrachait ce qui lui était le plus précieux. Lui qui n’avait plus que son grand-père ... Ce brave homme qui avait pris toute la peine du monde à éduquer Aoshun, jeune homme dont l’esprit rebelle et cleptoman n’en faisait pas une affaire facile.

L’aventure ne l'avait jamais vraiment excité. Aussi était-il resté à diriger l’échoppe de son ancêtre, au contraire de ses parents qui avaient pris la fuite il y a bien longtemps. Il aimait sa petite cité comme elle était: toujours ensoleillée et toujours pleine de bonne humeur. Les glaces à l’eau de mer étaient aussi ce qu'il préférait de son enfance. Il les laissait fondre entre ses doigts, croquant dedans, léchant chaque recoin de celle-ci, espérant voir apparaître le bâtonnet gagnant. Aujourd’hui ce n’était plus une habitude qu’il entretenait avec beaucoup de soin. Celle-ci avait disparu avec son grand-père.

La petite échoppe dont il a hérité était simple, carrée et pourtant désordonnée. Des cartons traînaient toujours un peu partout et rien n’était vraiment à sa place. Malgré tout, il savait toujours où tout était disposé. C’était ainsi qu’un beau jour s’était présenté à lui un homme revêtu de vêtements débraillés et balbutiant des absurdités que Aoshun n’était pas parvenu à garder en tête. Tout ce qu’il se passa fut qu’il déposa une cimeterre sur le comptoir de sa boutique et avec elle, une lettre. L’écriture, il ne pouvait pas se tromper ! C’était bel et bien celle de son grand-père qu’il chérissait tant.

“Mon cher Aoshun, si ces mots te parviennent c’est que je ne suis probablement plus des vivants et que les mondes courent à leurs perte. J’ai longtemps voyagé de mon vivant et pu apercevoir ce que le ciel réserve à ceux qui acceptent d’ouvrir les yeux avant de découvrir la cité dans laquelle tu habites aujourd’hui. Prends garde à toi et à ces étoiles qui parfois s’éteignent dans le ciel. Protège-toi et suis toujours ce que ton cœur te dicte de faire. Soit un homme brave et protège les faibles. Il y a en ce monde des dangers bien plus vastes que tu ne l'imagines. Comme tes parents le furent, et comme je le fut dans le passé, soit de ces héros qui essaient de protéger ces mondes qui sont voués aux ténèbres. Je n’ai pas eu le temps de te former comme j’ai formé tes parents, mais je crois en toi et ta force. Tu as su me prouver tes qualités de mon vivant. Je sais bien que tu as dû détester tes parents, mais aussi ont-ils été désolé de leur absence. Mais des ténèbres, plus fortes que jamais, tentent d’éteindre la lumière des mondes. Tu aspires à un grand futur mon garçon, va et envole toi dans des mondes nouveaux...Sauve la lumière. Je t’ai légué l’arme qui m’a servi durant mes voyages depuis agrabah jusqu'à bien plus loin que ta petite cité. Elle est un peu rouillée mais reste aussi tranchante que n’importe quelle épée. Prends en soin et elle prendra soin de toi en retour.”

Aoshun esquissa un sourire avant de lancer la lettre dans le feu, à l'arrière de sa boutique. Protéger les faibles? Comme ses parents qui avaient fuit pour soi-disant combattre le mal ? Et puis quoi encore, ce n’était pas de sa faute si les gens ne savaient pas se défendre et jamais il n’aurait dû subir la solitude de l’absence de ses parents en faveurs de faibles créatures incapables de se défendre. Et puis il avait toujours été un mauvais combattant. Jamais il n’avait remporté un match de struggle. Ce n’était donc certainement pas pour aller jouer les braves dans d’autres mondes et se perdre à ne rien faire. Non.

Il garda la cimeterre qu’il accrocha le lendemain à sa ceinture et garda de longues années ainsi. Elle était jolie et lui donnait des airs plus robustes encore devant ses clients. Après tout, tout ce qu’il voulait c’était gagner de l’argent et passer le restant de ses jours à ne rien faire, tranquillement installé dans la petite baraque de son grand-père. Pas sauver des inconnus qui ne lui attirerait que des ennuis.