Matoaka.

Celle qui navigue entre deux rivières.

Surnommée également par sa famille de lien et de sang "Pocahontas" après ses innombrables démonstrations de sauts de cascades et ses multiples prises de risques au détour de la rivière...

Son père, le chef Powhatan, n'a jamais cessé de lui rappeler à quel point elle lui rappelle sa mère. Pocahontas l'a perdu jeune, mais n'en a jamais voulu à qui que ce soit. C'est une tristesse qui l'a longtemps habité, sans qu'aucune personne ne parvienne à défaire le chagrin qui lui tenaillait le coeur. Un an après, sa disparition continuait à lui faire perdre le sourire.

Ce sont les paroles avisées de Grand Mère Feuillage et la rencontre avec un bébé raton laveur, alors tout jeune et en proie à la détresse, qui lui donnèrent du baume au coeur. En sauvant Meeko, affaibli après avoir été emporté par le courant, elle avait prit de nouveau conscience de l'importance d'être patient et compréhensif avec la vie, au jour le jour, ainsi que d'être présent pour les vivants.

Parce que Meeko est assurémment un petit farceur à sa manière...

Dans sa tribu, Pocahontas avait suivi les coutumes, comme il lui était demandé et s'était liée d'amitié avec Nakoma depuis...ô ! Trop longtemps pour s'en souvenir. Combien de fois se sont-elles défiées dans l'un de ses innombrables jeux dangereux par le passé ?

Meeko, son raton laveur et Flit s'en souviennent sûrement encore ! Ces deux-là, de toute évidence, sont inséparables mais au moins aussi différents et têtus l'un que l'autre !

Nakoma et elle, oui, sont les deux faces d'une même pièce. La première est l'esprit de la Mesure ; la petite fille raisonnée et déjà mature pour son jeune âge. La seconde, elle, est en revanche tout l'inverse. Sentir l'herbe fraiche et humide sous ses pieds d'enfant, ressentir la gravité dans chacun de ses sauts et défier quelques âmes en mal d'adrénaline dans une course de canoë, c'est ce qui fait soupirer et vivre son coeur d'amérindienne.

Car si elle est amoureuse de quelque chose...Alors son autre moitié, ce serait la liberté !

Ou alors ce serait le monde, et cette incroyable bouffée d'air frais en pleine course !

Jamais limitée, jamais totalement domptée, son adolescence s'est passée dans les sueurs froides de son père. Ô, la tribu ne s'est jamais ennuyée avec la fille du chef et ses quatre centre coups, et si on lui accorde volontiers un côté casse-cou...il n'empêche que Pocahontas est toujours très sage, pacifique et bienveillante dans ses réflexions et ses décisions.

Alors on lui a fait confiance. On l'a admiré. Un peu. Beaucoup.

Certains, et même les plus braves guerriers de la tribu, ne tardirent pas à rougir secrètement en voyant passer une si belle et vaillante âme au quotidien. Oh que oui, Pocahontas a fait tourner bien des têtes, sans s'en rendre véritablement compte...

Et pourtant, le temps a filé. Et bientôt, les chasseurs sont revenus, chargés du poids de leurs devoirs. Auparavant, Pocahontas avait déjà eu des visions ; des petites nouvelles sans prétention, un mariage heureux entre deux amis, un présage de bonnes récoltes, mais un rêve l'inquiéta. Il y avait tout d'abord cette flèche qui tournait autour d'elle-même, sans jamais s'arrêter dans sa folle course...Et puis...

Et puis, dans sa vision, il y eut les ténèbres. Une ombre, une fumée inquiétante venue s'emparer et engloutir le village et la flèche elle-même !

Pocahontas avait essayé d'en parler à son père. Hélas, il coupa net à sa tentative, accrochant autour de son cou le précieux collier de sa défaite épouse et lui annonçant son "heureuse" nouvelle : Kocoum lui avait demandé sa main.

L'annonce fit à la jeune femme l'effet d'une tempête imprévisible. Songeuse, elle tenta d'avertir son père de son véritable souhait : après tout, Kocoum était si...solennel.

Saurait-il seulement accepter son désir de liberté ? Pour la jeune princesse, il ne faisait aucun doute qu'ils ne marchaient pas sur le même chemin, et ce que Powhatan prenait comme une volonté encore immature ou un zeste d'irresponsabilité de la part de sa fille n'était au mieux qu'une trop grande différence de caractère...

Mais Grand Mère Feuillage, elle, la connaissait mieux. Au milieu de la forêt, assise sur un tronc d'arbres, les paroles l'aidèrent d'ailleurs à confirmer ses craintes.

"Kocoum ? Mais il est si solennel..."

Et si Grand Mère Feuillage le dit, c'est qu'elle a raison !

Mais alors qu'elle s'apprêtait à partager avec l'esprit de la forêt ses visions, la terre trembla. Quelque chose d'inquiétant s'empara de son monde et la jeune femme n'eut le temps que de courir et de s'échapper sous les conseils de sa grand mère. Dévalant d'arbre en arbre, à bout de souffle, Pocahontas crut bien connaître sa fin lorsque tout à coup...

Une lumière perça son chemin, guida ses pas vers...

Où ?

Elle perdit connaissance, et se souvint seulement d'une présence pour la guider dans un lieu sûr.

A son réveil, et tout autour d'elle, aucune nature. Aucun feuillage, aucun parterre douceureux et surtout, aucune falaise. Le vent ne caressait plus ses joues et le brouhaha d'une dizaine de personnes la mettait désormais mal à l'aise...

Inquiète, le souffle coupé, Pocahontas observa de droite à gauche les environs, totalement perdue dans une ville qu'elle apprendrait être Traverse Town.

Mais où se trouvait-elle ?